Nous l’avons écrit à plusieurs reprises en éditorial au cours des dernières années, les enfants néo-brunswickois ne passent pas suffisamment de temps en classe. Ça ne changera pas de sitôt. Nous sommes toutefois soulagés de constater que cet enjeu commence enfin à préoccuper les autorités.

Le gouvernement provincial a récemment rendu publiques, à la demande de la chaîne Postmedia, des données concernant la présence des élèves en classe.

L’absentéisme chronique – c’est-à-dire les élèves qui manquent plus de 10% des jours d’école – est en forte hausse comparativement à ce qui prévalait avant la pandémie. Le taux a plus que doublé dans la plupart des écoles francophones et excède les 40% dans certaines régions anglophones.

Les données nous montrent qu’il y a l’avant et l’après-pandémie. Les écoles ont été fermées à compter de mars 2020, alors que la COVID-19 faisait rage et qu’il n’existait aucun vaccin. Elles ont rouvert en septembre 2020, mais avec la distanciation sociale, les classes-bulles, le port du masque obligatoire et l’enseignement virtuel.

Cette période sombre a permis de démontrer le peu d’importance accordée à l’éducation dans notre province. À la suite d’une éclosion, les écoles ont été à nouveau fermées à la fin décembre 2021 et en janvier 2022, et ce, même si chaque enfant avait alors la possibilité de se faire vacciner. Aucun autre secteur de la province n’a subi de telles restrictions. Un abandon éducatif que nous avions dénoncé à l’époque en éditorial et dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui.

Une journée de classe complète a très peu, sinon aucune valeur aux yeux du gouvernement provincial et des districts scolaires. Elle peut être annulée pour à peu près n’importe quelle raison sans que personne n’en soit imputable.

Heureusement, après des années de laisser-aller, le gouvernement Higgs a finalement commencé à s’intéresser au problème.

Le fait qu’il ait présenté des statistiques sur l’absentéisme chronique est un premier pas. Celles-ci devraient pourtant être dévoilées de façon routinière. Dans les faits, il faut s’armer de patience pour les obtenir. Or, c’est seulement en découvrant l’ampleur du problème qu’il sera possible d’agir.

Sur un autre front, les négociations se poursuivent entre Fredericton et le syndicat des enseignants à propos des journées de congé pour cause de tempête.

Le gouvernement provincial souhaite que les enseignants soient présents en classe même si les autobus scolaires ne sont pas sur les routes. Les parents auraient ainsi l’option d’amener leur enfant à l’école eux-mêmes. Le syndicat a rejeté fermement cette demande.

Pour éviter que ce dossier fasse pourrir la négociation de la convention collective conclue l’an dernier, les deux parties se sont entendues sur la formation d’un comité patronal-syndical. Les représentants du gouvernement et des enseignants ont pour mission de s’entendre sur une proposition commune dans les prochaines semaines.

Nous vivons au Canada. Il y aura toujours des journées où la météo rendra les routes moins sécuritaires. Personne ne souhaite voir les enseignants risquer leur vie afin de faire acte de présence dans une classe vide.

Il arrive cependant trop souvent des situations où les écoles ne devraient pas être fermées. La faute revient aux districts scolaires. Ils ont tendance à fermer les écoles même quand la météo ne le justifie pas, par peur de se mettre à dos le personnel scolaire, les parents ou d’être tenus responsables par les politiciens dans l’éventualité d’un accident d’autobus scolaire.

Il arrive donc assez souvent, en hiver, que les écoles soient fermées alors que les commerces, hôpitaux, institutions et garderies restent ouverts. Les routes sont dégagées, il fait soleil ou il pleut, les parents se rendent au boulot, mais les enfants ont néanmoins congé d’école parce que les dirigeants du district scolaire ont pris une décision erronée ou hâtive.

Pas étonnant, dans ces circonstances, que le nombre d’absences chroniques est en forte hausse. L’exemple vient d’en haut. Les semaines complètes de cinq jours d’école ne sont plus la norme. Elles sont l’exception.

Le pouvoir de fermeture des écoles pour cause d’intempéries doit être mieux encadré.

De même, les districts scolaires, les écoles et le gouvernement doivent faire un meilleur travail pour combattre l’absentéisme chronique en s’intéressant davantage au phénomène, en comprenant pourquoi le problème s’est aggravé et en mettant sur pied des stratégies pour  renverser cette tendance préoccupante.

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle